Depuis le Covid-19, un nouveau phénomène est apparu dans nos vies avec un nom un peu bizarre : les « tracances » (contraction des mots “travail” et “vacances”) ou encore coworkation (contraction de “coworking” et “vacation”). L’idée n’est pas, bien sûr, de travailler pendant ses vacances, mais plutôt de télétravailler depuis son lieu de vacances avant ou après ses congés. Ainsi on pourrait, par exemple, partir une semaine en avance au soleil et travailler avec vue sur la piscine permettant de profiter de moments privilégiés en famille dès que l’on se déconnecte. Cela permettrait aussi de prolonger un peu ses moments loin de sa routine quotidienne.
L’idée est séduisante mais ce système a aussi des limites. En effet seules les personnes pouvant télétravailler peuvent en profiter, c’est donc à majorité les cadres. D’autant plus que ce sont eux qui ont le plus les moyens de partir. Cela intéresserait aussi les “digital nomads” qui, selon une étude Levels.io, représenteraient 1 milliard de personnes en 2035.
Malgré tout, ce nouveau concept n’est pas encore entré dans les mœurs et selon une étude VVF et VVF ingénierie 2023, 56 % des actifs déclarent que cela n’est pas pratiqué dans leur entreprise. Parmi les personnes interrogées, 37 % ne savent pas si elle le propose à ses salariés. Ainsi, seuls 7% des salariés y ont réellement accès et seulement 3% en bénéficient.
Le phénomène prend pourtant de l’ampleur et selon une étude d’IWG menée en France, en juin, auprès de 2 000 salariés, 31% des employés interrogés prévoient de prolonger leurs séjours sur les lieux de vacances en y travaillant à distance cet été. Cela concerne en majorité les jeunes avec 54% des 18/24 ans et 45% des 25/34 ans. Cette étude montre également que ce sont principalement des Franciliens (37%) qui souhaitent profiter de ce système avec plus de 6 points que la moyenne nationale.
La possibilité de « tracances » dans les entreprises serait ainsi un moyen de fidéliser ses salariés et d’attirer de nouveaux collaborateurs c’est pourquoi certains groupes commencent à le proposer à leurs salariés. Selon un article de 20minutes.fr, le club automobile Roole autorise une semaine de télétravail accolée aux vacances, même s’ils partent à l’étranger, à condition qu’il n’y ait que 2 heures maximum de décalage horaire. Une pratique qui est devenue fréquente chez eux, surtout au mois d’août. De même, Europe 1 confirme cet engouement des sociétés pour les « tracances » dans son article du 6 juillet 2023 où le média précise que cette flexibilité devient tout aussi importante que la rémunération. Ainsi, dans la même lignée, il indique que Capgemini a mis en place la possibilité du télétravail depuis l’étranger et que 400 salariés (parmi les 35 000 de la société) l’on déjà testé.
Les avantages semblent donc assez nombreux, outre, partir plus longtemps avec sa famille, c’est aussi se déconnecter complètement une fois l’ordinateur fermé et profiter pleinement d’une baignade à la plage. C’est aussi une bonne manière de se ressourcer. Ce système très novateur peut-être déstabilisant pour certains et selon l’étude de VVF et VVF ingénierie 2023, la frontière entre travail et vacances devient plus floue alors que 76% des Français déclarent penser au travail même pendant les vacances. De même, 53% des personnes interrogées ne sont pas prêtes à passer le pas et déclarent avoir besoin d’un environnement de travail plus classique pour être efficaces. A noter que 17% sont pour les « tracances » et 30% aimeraient essayer avant de se prononcer.
Depuis le Covid, le monde du travail ne cesse de se réinventer et ce nouveau concept n’est qu’à ses prémices. Avec quelques ajustements, il pourrait devenir aussi incontournable que le télétravail dans les années à venir.